
Dans ce nouvel interview nous retrouvons Michelle Chérancé, ancienne cadre dans la vente et la stratégie internationale, qui partage avec nous son étonnant parcours : dix années passées dans l’univers du business avant un virage total vers la médecine traditionnelle chinoise (MTC).
À travers notre échange, elle revient sur les raisons profondes de sa reconversion, les enseignements tirés de sa formation et la manière dont elle intègre désormais ses compétences en communication, stratégie et soin dans une pratique thérapeutique centrée sur l’humain.
Quelle était votre vie avant de reprendre des études ?
Avant de reprendre mes études, j’étais Team Leader Field Sales dans un grand groupe international. Je travaillais dans la vente et la stratégie depuis plus de 10 ans, et j’étais plutôt fière, en tant que femme, d’avoir gravi les échelons dans le monde des affaires et de la négociation. J’aimais les challenges, le rythme soutenu et l’intensité de ce milieu.
Qu’est-ce qui vous a poussé vers la médecine traditionnelle chinoise (MTC) ?
Après des années à courir derrière des objectifs hebdomadaires, à vivre dans une dynamique de performance constante, j’ai fini par m’épuiser. Autour de moi, plusieurs collègues sont tombés en burn-out. Moi aussi, j’ai frôlé l’effondrement physique. C’est là que de vraies questions ont surgi.
J’ai toujours été attirée par les médecines douces, notamment depuis la naissance de mon premier enfant. Ayant perdu ma mère d’un cancer du sein et mon père d’un arrêt cardiaque, je savais qu’il était temps de prendre soin de moi autrement. Quand la maladie m’a rattrapée, conséquence directe du stress accumulé, j’ai compris qu’il fallait changer de cap.
Et c’est là que tout a basculé : une acupunctrice que je connaissais m’a proposé de l’aider à organiser un séminaire à l’étranger. Lors d’une séance pratique, elle m’a invitée à poser une aiguille sur un patient. Sur le moment, je ne comprenais pas sa demande (j’étais que l’organisatrice), mais j’ai exécuté… Et là, quelque chose s’est passé. J’ai étrangement pris plaisir à ce geste. J’ai commencé à suivre les cours tout en continuant d’organiser le séminaire. Plus j’apprenais, plus j’avais soif d’en savoir davantage. Je suis devenue accro, tout simplement.
Quelle a été votre parcours de formation en MTC ?
À mon retour en Suisse, je me suis inscrite dans une première école de médecine chinoise. Très vite, j’ai ressenti le besoin d’apprendre aussi sur le terrain. J’ai donc cherché activement à faire des stages auprès de différents thérapeutes. Et c’est ainsi que j’ai rencontré Antoine. Il m’a véritablement guidée et encouragée à viser l’excellence. C’est lui qui m’a conseillé d’intégrer un parcours menant au diplôme fédéral, et grâce à ses conseils, j’ai quitté ma première école pour rejoindre l’EPSN. Merci Antoine !
Quelle a été votre formation pour la pratique clinique ?
Ayant un profil très terrain, je ne pouvais pas me contenter de la théorie. Dès la première année (si ce n’étais pas avant), j’ai enchaîné les stages et journées d’observation. J’ai eu la chance d’observer et d’apprendre auprès de maîtres aux approches variées. Chaque rencontre m’a enrichie. Petit à petit, j’ai commencé à développer ma propre philosophie de soin.
Mais c’est chez Antoine que j’ai vraiment appris la rigueur clinique : la discipline, l’hygiène, le respect du cadre thérapeutique. Aujourd’hui, ses enseignements sont devenus l’un des piliers de ma propre pratique. Je les intègre avec ma touche personnelle, dans une approche que je veux à la fois humaine, précise et complète.
Quelle est votre activité professionnelle actuelle ?
Aujourd’hui, j’ai fait le choix de rassembler toutes mes compétences. Ayant un vrai goût pour la stratégie digitale, j’ai lancé mon propre site e-commerce www.aishiteru.ch, où je propose des produits du monde, choisis pour leur qualité et leur histoire.
Je me suis rendu compte que beaucoup de thérapeutes, aussi talentueux soient-ils, ont de la peine à se rendre visibles ou à utiliser les outils digitaux.
En parallèle, j’accompagne des praticiens de santé avec des prestations de consulting en stratégie et visibilité. Et bien sûr, j’ai ouvert mon propre cabinet à Morges : www.mtc-eglantine.ch, où je pratique la médecine traditionnelle chinoise avec d’autres outils également en naturopathie.
Quels sont vos points forts et avez-vous développé des spécialités ?
L’écoute et la bienveillance sont mes forces. Je suis douce, mais je ne lâche jamais les objectifs thérapeutiques : je veux des résultats pour mes patients. J’accompagne mes soins avec des outils à utiliser à la maison : conseils en diététique, aromathérapie, auto-massages… Je crois beaucoup à l’autonomie du patient dans son processus de guérison.
Avez-vous des projets professionnels ?
Oui, un projet me tient particulièrement à cœur : créer un programme de prévention santé pour les entreprises. Je connais bien la pression dans des services comme la vente, le juridique ou le service client… et je souhaite maintenant retourner dans ces environnements, mais en tant que consultante en santé.
Mon objectif est d’introduire des outils issus de la naturopathie et de la médecine chinoise au sein des entreprises. Je suis convaincue que cela pourrait avoir un impact profond sur le bien-être des équipes, et donc sur la performance globale. C’est, à mes yeux, un investissement d’avenir pour toutes les organisations.
Par Antoine Wegmüller.
Si l’interview de Michelle Chérancé vous a plu, découvrez celui d’Amandine Scheffer.